IMG_0971Perché en haut d’une colline, le centre historique de Ciudad Bolivar, appelé Casco histórico, m’a beaucoup fait penser à Cuba avec ses maisons au style colonial et leurs façades colorées. Sur l’immanquable place Bolivar, une superbe église blanche et jaune domine le quartier.

Ma posada, posada Doña Carol, était à deux rues de là, donc en plein centre ville. La petite rue où elle se trouvait, donnait sur le majestueux fleuve de l’Orénoque et sur ses berges aménagées.

C’est un lieu où l’on peut s’y balader tranquillement le jour mais mieux vaut éviter d’y trainer la nuit tombée. La vue est magnifique. L’autre rive n’est quasiment pas habitée. A mi-distance, un îlot rocailleux sert de pluviomètre. Bien que je l’aie trouvé encore très large, c’est pourtant à cet endroit que l’Orénoque est le plus étroit. La ville portait d’ailleurs autrefois le nom d’Angostura, qui signifie « étroitesse ». Avec de la chance, on peut voir au coucher du soleil les dauphins roses remonter le courant.

Ciudad Bolivar est le point de départ des excursions pour aller voir le Salto Angel, la plus haute chute d’eau au monde, ou aller randonner une semaine sur les flancs du Roraima, le magnifique et légendaire tepui (montagne de grès au sommet plat et aux flancs verticaux) qui a inspiré Le Monde Perdu à Arthur Conan Doyle. On peut également partir de là pour visiter le delta de l’Orénoque, l’un des plus grands du monde.

Dès le lendemain de mon arrivée, j’ai visité un peu la ville. C’était le dernier jour du carnaval et beaucoup d’échoppes étaient encore fermées. Les rues étaient calmes. Toutefois, les portes des musées étaient grandes ouvertes et j’ai pu ainsi commencer à apprendre la riche histoire de cette ville qui a joué un rôle très important lors de la guerre d’indépendance. Au Venezuela, la plupart des musées se trouvent dans des anciennes demeures coloniales, richement meublées pour l’époque, avec des patios intérieurs. Déambuler d’une pièce à une autre est très agréable.

Lors de ma première visite, j’ai eu la chance de rencontrer deux couples d’équatoriens, âgés d’une cinquantaine d’années, qui vivaient et travaillaient dans la ville voisine et qui étaient venus visiter Ciudad Bolivar pour la journée. A la sortie du musée, ils m’ont proposé de m’emmener en voiture à un autre musée situé un peu plus loin, mais qui fermait dans une heure. Leur proposition était tellement naturelle que je n’ai pas eu envie de refuser. Le trajet a mis cinq minutes en voiture climatisée alors que j’aurais peut-être mis vingt bonnes minutes à pied en plein soleil.

C’était à nouveau une maison coloniale magnifique, sur un rocher, entouré d’un splendide jardin. Nous avons eu une visite guidée. L’avantage au Venezuela, c’est que la plupart des musées (et les visites guidées qui les accompagnent) sont gratuits. C’est toujours ça d’économisé ! En nous dirigeant vers la sortie, des dizaines de tortues aquatiques pataugeaient dans l’eau d’un bassin. Le guide nous a expliqué qu’il les nourrissait tous les jours et notamment avec les mangues qui tombaient régulièrement près du point d’eau. L’une des deux femmes équatoriennes s’est alors mise à ramasser non loin d’elle une magnifique mangue bien mûre. Après avoir demandé l’autorisation, elle l’a lancée dans l’eau et on a pu voir en un instant ces dizaines de tortues se précipitaient vers le fruit. L’une d’entre elles a réussi à l’attraper en premier et a essayé de l’amener sur la rive, loin des autres. Mais c’était sans compter sur la gourmandise de chacune. La mangue a été dévorée sous nos yeux en quelques minutes. C’était amusant à voir. Comme quoi, une tortue n’est pas si lente que ça !

Le musée a fini par fermer ses portes et les équatoriens ont proposé de me ramener jusqu’à ma posada, insistant sur le fait qu’en fin de journée, il n’était pas prudent de me promener toute seule.

Sur le chemin, ils m’ont proposé de passer par le grand boulevard qui longeait l’Orénoque pour pouvoir profiter du coucher du soleil. Nous nous y sommes arrêtés pour admirer la vue et prendre quelques photos. On pouvait voir au loin le spectaculaire pont (le premier construit sur le fleuve) qui avait des airs du Golden Gate Bridge de San Francisco.

Après leur avoir dit que j’allais visiter l’Equateur, mes quatre nouveaux amis m’ont donné tous les bons plans à voir et à faire dans ce pays. J’ai sorti ma grande carte d’Amérique du Sud, dépliée sur le capot de la voiture, et on a coché ensemble chaque point. A chaque fois, j’avais droit à une description détaillée. C’était très sympathique. Ils ont fini par me ramener à ma posada et nous nous sommes échangés nos adresses emails, m’invitant dans la ville voisine, Puerto Ordaz, si jamais j’y passais.

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Le lendemain, je me suis réveillée, bien déterminée à trouver une agence qui me permettrait d’aller voir le Salto Angel. Car en effet, pour le voir, on est obligé de passer par des agences qui proposent des excusions. C’est en pleine forêt et il faut un avion et une pirogue pour l’atteindre. Je n’allais donc pas m’y aventurer toute seule. Après un déjeuner dans l’arepera du coin (= vendeur d’arepas, les galettes de maïs fourrées), je me suis lancée à la recherche d’une agence qui avait l’air intéressante sur mon guide. Mais elle n’avait plus l’air d’exister. J’ai demandé toutefois à un jeune garçon qui jouait devant. Il m’a alors emmenée dans la rue d’à côté, devant une autre agence dont la devanture était recouverte de photos d’excursions mais dont la porte était fermée. Il a sonné et un jeune homme de taille moyenne a ouvert la porte en me souriant. Il a remercié le garçon qui est reparti. Il m’a invité à entrer et j’ai été accueillie dans une grande pièce climatisée sans fenêtre. La salle était bien décorée et là encore des photos d’aventure et d’excusions recouvraient tout un pan de mur. J’ai commencé à expliquer ce que je recherchais et le jeune homme m’a décrit les différentes excursions qu’il proposait. Il a été interrompu par la sonnette. Il est allé répondre et à son retour un couple, une petite brune frisée et un grand blond, l’accompagnait. Ils se sont assis à côté de moi et ont écouté également les différentes descriptions. Nous nous sommes rendus compte très vite que nous étions tous les trois intéressés par l’excursion du Salto Angel et comme il fallait un minimum de trois personnes pour former un groupe, c’était parfait ! Une porte s’est ouvert et un petit caniche blanc a couru jusqu’à nous, suivi de sa maitresse, la femme du jeune homme. J’appris par la suite qu’ils s’appelaient Tato et Karla, et leur petit chien, Skype. Après avoir passé une heure à discuter, on a réservé notre excursion pour le Salto Angel et j’ai réservé en plus mon excursion pour le delta de l’Orénoque, bénéficiant ainsi d’un prix intéressant.

L’excursion pour le Salto Angel durerait trois jours. Le départ était prévu pour le lendemain à 7 heures du matin. J’ai donc regagné ma chambre avec une excitation folle en m’imaginant déjà devant cette spectaculaire cascade. Je ne savais alors pas encore à quel point cette aventure allait me marquer…

>>> pour voir les photos, cliquez ici : 

Ciudad Bolivar

 

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