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Après avoir visité l’île de la Plata, me voilà partie de bon matin à la découverte de la forêt humide du parc de Machalilla. Je me suis rendue à l’agence avec qui j’étais déjà partie pour mon excursion insulaire. J’avais rendez-vous à 8h30. Quand j’avais négocié le prix, l’agent de voyage, un petit homme, jeune équatorien, très dynamique, m’avait dit qu’il prendrait un moyen de locomotion plus économique pour que cela me revienne moins cher. C’est comme ça que je me suis retrouvée à l’arrière d’une moto pour me rendre dans un petit village aux portes de la forêt.

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La route a fait place à la piste et j’avais l’impression d’être sur des montagnes russes tant il y avait de montées et de descentes. On a d’abord traversé la forêt sèche, constituée d’arbustes éparses et d’herbes jaunes, puis le paysage s’est transformé peu à peu en une forêt plus verte, plus dense, avec d’immenses arbres. Le sec a laissé la place à l’humidité. De petites montagnes, qui avaient bordé notre route, nous encerclaient toujours. Mon chauffeur m’a confié à mon guide qui m’attendait auprès de deux chevaux. Il voulait me prêter des bottes mais je lui ai fait signe du regard que mes guêtres conviendraient parfaitement. Il les a regardé d’un air interrogateur, comme s’il en voyait pour la première fois. En effet, j’avais pris la précaution de chausser mes chaussures de randonnée (sans oublier ma chevillière) et de les coiffer de mes belles guêtres quasi-neuves.

L’agent s’était trompé, croyant que je viendrais accompagnée, il avait transmis au guide cette fausse information. Celui-ci, qui allait faire la balade à pied, a donc rendu un cheval. Je me suis hissée sur le dos de ma jument, petite bête bien maigrichonne. Rien que de me dire qu’elle devait me porter avec mon matériel me fendait le cœur. Au départ d’ailleurs, elle ne voulait pas avancer. Si j’avais su que l’on pouvait tout faire à pied, comme le guide, je n’aurais pas choisi le cheval. Cela me rend tellement triste à chaque fois et quand je peux éviter de le faire, je m’abstiens. Mais on était déjà partis. On commençait à pénétrer dans l’antre de la forêt où régnait une moiteur pesante. Au milieu de la végétation, le guide m’a montré quelques pierres bien alignées, vestiges d’une civilisation plus ancienne.

IMG_8636On a passé plusieurs fois une rivière qui transperçait la forêt en multiples méandres. Dans les bassins qu’elle formait parfois, on a pu admirer de grosses crevettes grises. Quelques crabes les accompagnaient. Lorsqu’on traversait le cours d’eau, de petites grenouilles marron nous regardaient du coin de l’œil.

Je suis ensuite descendue de cheval pour marcher un peu (et soulager un peu ma monture). Le chemin grimpait doucement et quelques passages terreux n’étaient pas faciles à franchir. Soudain, nous avons entendu des cris de singes, les singes hurleurs (ou alouates). Ils venaient d’un peu plus haut. Nous avons laissé la jument sur le chemin, attachée à un arbre, et mon guide a commencé une course folle en direction des cris. Je le suivais tant bien que mal, pensant à chaque seconde à ne pas me refouler la cheville mais en même temps, je ne voulais pas le perdre de vue et manquer de les voir. L’allure était soutenue. A un moment, nous avons quitté le chemin et nous nous sommes enfoncés dans la forêt, à fleur de montagne. D’un geste déterminé, le guide nous frayait un passage à l’aide de sa machette qui virait d’un côté à l’autre, d’un rythme saccadé. J’étais en sueur.

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L’humidité, la chaleur, l’altitude et ce petit footing m’avaient plongée dans un étourdissement si bien que je ne réfléchissais plus. L’excitation était à son comble : allait-on réussir à les apercevoir ? Je l’espérais. Entre les quelques feuilles, branches et lianes qui passaient sous le tranchant de la machette, quelques toiles d’araignées apparaissaient parfois, à ma grande frayeur. Mais une seconde après, je n’y pensais déjà plus. Une seule chose m’importait à présent et je levais désespérément la tête pour essayer de voir ce qui pouvait ressembler à un singe parmi ces épais feuillages, à plusieurs mètres du sol. On pouvait maintenant clairement les entendre. Ils étaient là, tout proche. Je reprenais petit à petit mon souffle, en écarquillant bien grand mes yeux. L’index de mon guide a soudain montré une tâche noire au-dessus de nos têtes et j’ai pu enfin voir à quoi ressemblait ces fameux singes qui faisaient un bruit si étrange. J’en ai vu un, puis deux, puis tout un groupe.


Les mâles sont plus gros que les femelles et généralement, ils n’acceptent pas d’autres mâles dans le groupe. Ils ont un cri très sonore qui peut s’entendre de très loin. J’en avais déjà vu dans le delta de l’Orénoque, mais ceux-là étaient roux. D’après le guide, quand une femelle attend un petit, ils peuvent savoir si c’est une femelle ou un mâle. Si c’est une femelle, elle sera bien accueillie par le mâle dominant, mais si c’est un mâle, la mère part seule dans la forêt pour mettre bas et élever son petit sinon le mâle le tuera. Il ne veut aucun rival. 
IMG_8681La première fois, c’était très bizarre, car j’ai vu un singe noir assis sur une branche où il y avait comme des noix de coco blanches sous lui, deux. Puis il s’est déplacé, et les noix ont bougé avec lui ! Quel a été mon étonnement ! Ces singes hurleurs noirs, aux reflets bruns, ont des testicules blancs ! Allez savoir pourquoi ! En tout cas, ça prête à confusion !

Pourtant, il y avait bien trois mâles au-dessus de nos têtes. Ils étaient à des distances raisonnables les uns des autres. Quelques femelles étaient avec eux, et même un bébé accroché au dos de sa mère. Ils sautaient d’arbres en arbres avec une agilité à me faire pâlir. Ils dégustaient de grandes feuilles mais ne restaient pas longtemps sur l’arbre qui les produisait car il y avait plein de fourmis (explication donnée par mon guide). Alors ils revenaient sur l’arbre voisin. J’ai pris plein de photos et de vidéos mais je dois dire que c’était loin d’être évident. Ils sont cachés par les feuilles de la canopée et au bout d’un moment, on attrape un torticolis à force de regarder en l’air !

Après une bonne demi heure d’observation, nous avons rejoint notre cheval et avons continué la balade. On a traversé des endroits magnifiques et admiré des paysages spectaculaires. Pendant ces six heures de promenade dans la forêt humide, nous avons été accompagnés par le chant de dizaines d’oiseaux, notamment par un cousin du pivert et des colibris. Des milliers de moustiques nous ont également fait l’honneur de leur présence. Ce qui m’a poussée à sortir ma crème anti-moustique, qui a été d’une efficacité indiscutable. IMG_8748

Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés pour cueillir des mandarines sauvages. Mon guide est monté dans les arbres et m’a envoyé les fruits un à un, comme des passes de baseball ! Je me suis régalée et j’en ai ramené plein mon sac à dos.

J’ai fini par remonter à cheval et à 15h30, nous sommes revenus au village. La mère du guide nous avait préparé un bon repas. On a mangé dans la pièce principale de leur maison, où se trouvait la cuisine. C’était une pièce très sommaire, avec un hamac et une table au milieu. La femme n’arrêtait pas de rire. Le soleil apparaissait progressivement. Quand je devais repartir, l’homme à la moto n’était pas là. Alors j’ai pris un bicitaxi (moto avec une remorque attelée pour transporter des gens) qui se trouvait là.

L’engin faisait un bruit insupportable et dégageait une odeur de pétrole très forte.

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A mon retour à l’agence, le taxi a été payé et j’ai pu regagner mon hôtel après une belle journée d’aventures.

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Pour voir plus de photos, cliquez sur ce lien : 

Photos forêt humide du parc de Machalilla

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