El Teleférico Warairarepano part de Caracas et monte jusqu’au pic El Avila dans le parc national du même nom, à plus de 2250m d’altitude. Il y a désormais des cabines modernes dans lesquelles on peut y mettre 8 personnes. Le voyage dure 20 min. La montagne se trouve entre la ville de Caracas et la mer. Au sommet, on peut y trouver de nombreuses cabanes en bois vendant mille choses, des restaurants, une boite de nuit, une patinoire, une salle de spectacle,… et même un grand hôtel vide en éternelle rénovation (ce qui lui donne des airs de la maison hantée à Eurodisney !).

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Lorsque nous sommes arrivées aux abords de l’entrée, Mariana m’a fait comprendre qu’il valait mieux que je descende de voiture maintenant pour aller chercher les places et commencer à faire la queue (la fameuse « cola »), pendant qu’elle allait se garer. Etant en plein carnaval, et donc en plein jours fériés, il risquait d’avoir un peu de monde. Il était déjà 17h et le soleil commençait à se rapprocher sérieusement de l’horizon. Nous espérions le voir se coucher quand nous serions là-haut, le téléphérique fermant à 22h.

Je pris donc les billets et commençai à chercher le bout de la « cola ». Je mis bien 5 bonnes minutes à comprendre qu’elle se trouvait à l’extérieur, au-delà des grilles du site : ça commençait bien ! Mariana m’a rejoint au bout d’un quart d’heure. Puis nous avons patienté… L’ambiance était à la fête, les enfants toujours déguisés, un groupe de musiciens et leur chanteuse avaient été invités pour l’occasion. Et nous patientions…encore et encore. Le jour commençait vraiment à s’envoler et les mètres de « cola » n’en finissaient pas. Lorsque l’on croyait que c’était terminé, il en restait encore… un vrai calvaire ! On avait faim et soif. Les petites princesses s’endormaient dans les bras de leurs parents. J’avais du mal à comprendre pourquoi toutes ces personnes, dont beaucoup de familles, voulaient monter à tout prix, à partir du moment où la nuit allait bientôt tomber. Dans mon cas, ne sachant pas si je reviendrais à Caracas un jour, je souhaitais vivre cette expérience « téléphéricaine ». Mais il est vrai que je me suis posée plusieurs fois la question si cela valait vraiment le coup de rester faire la « cola ». Moi qui ai une sainte horreur de ça ! Attendre, attendre, et encore attendre…

Au bout de deux heures et demi, les portes bénites d’une cabine se sont ouvertes à nous et nous avons enfin pu nous y installer. Bien sûr, la nuit était tombée mais le spectacle était tout aussi joli. Les lumières de la ville étincelaient comme des milliers de diamants qui descendaient le long des pentes des collines alentours. Plus nous montions, plus le trésor s’allongeait. Une véritable rivière de diamants scintillant de mille feux ! Nous volions au-dessus des cimes des arbres que nous devinions dans la nuit. A mesure que nous prenions de l’altitude, la fraicheur se faisait ressentir.

Nous arrivâmes enfin au sommet ! Un chemin unique distribuait les différentes activités et suivait la crête. Il y avait beaucoup de monde. Il était maintenant 20h passées et chacun en profitait avant de descendre. Un magicien jouait ses tours devant un public attentif. Au bout du chemin trônait l’hôtel Humbolt (visible la journée depuis le centre de Caracas). Aucune lumière ne l’éclairait et, dans la nuit, sa silhouette paraissait immense. On pouvait devinait les bruits de la mer en bas de l’autre versant. C’était un spectacle assez impressionnant. Puis les vendeurs ont commencé à fermer leurs stands. Nous nous sommes donc rapprochées du grand établissement d’où entraient et sortaient les cabines. On aurait dit un grand complexe. Il y avait la patinoire, les restaurants et bien d’autres choses encore. En nous rapprochant, nous pûmes découvrir, non sans stupeur, une immense « cola » qui en sortait. Des dizaines et des dizaines de mètres de « cola ». Mariana a d’abord essayé de me rassurer en me disant que c’était la queue pour la patinoire. Mais en la remontant, nous nous sommes aperçues au bout d’un moment que c’était bien celle du téléphérique retour… C’était pourtant évident : tout ces gens qui étaient montés voulaient assurément redescendre… Alors nous nous sommes dit qu’en attendant que la « cola » rétrécisse un petit peu, nous nous promènerions dans le complexe, quitte à manger un bout par là. Le vent et la pluie commençaient à tomber et nous étions bien au chaud à l’intérieur. Il était 21h30 environ et nous supposâmes que le téléphérique n’allait pas pouvoir fermer à l’heure… C’est alors qu’une interminable attente commença.

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Après avoir été refoulées par les restaurants parce qu’ils étaient complets, nous avons atterri dans une immense salle où des gens tenaient des stands derrière des tables. On pouvait y trouver de la nourriture, des souvenirs, des spécialités, des vêtements, des bijoux,… Une moquette recouvrait le sol et la salle avait l’allure des salles de conférence à l’américaine. Une grande baie vitrée l’entourait. Nous nous sommes donc installées près d’une table vide, le long d’une large fenêtre, épuisées. Nous commencions à avoir froid alors nous nous sommes servies des nappes comme couvertures. Nous n’avions pas grand chose à faire à part attendre. J’ai fini par m’assoupir une petite demi heure. A mon réveil, Mariana m’a gentiment apporté un hotdog. Il était presque 23h et je me suis levée pour aller voir où en était cette satanée « cola ». A mon grand désespoir, elle était toujours aussi impressionnante. La pluie et le froid l’avaient obligé à se replier dans les différents couloirs du complexe. On aurait dit un immense serpent. Les personnes qui le composaient étaient anéanties, exténuées, tels des mannequins immobiles, las d’espérer quelque chose qui ne semblait pas vouloir venir. Les enfants ne couraient plus. Ils attendaient patiemment ou dormaient ça et là dans des bras ou sur des chaises. Les adultes aussi s’endormaient. Sur une marche, contre un mur. La fatigue avait eu raison de tout le monde. On avançait doucement ; tout doucement ; trop doucement. On imaginait les cabines se remplir les unes après les autres de leurs huit passagers. Mais pour que la « cola » soit aussi longue, c’est qu’il devait y avoir des milliers et des milliers de personnes ! Je me demandai pourquoi les responsables du téléphérique avaient fait monter autant de gens sachant qu’il faudrait beaucoup de temps pour les faire redescendre. Je fis part de mon étonnement à Mariana qui m’expliqua que depuis que le téléphérique appartient à l’état, c’est le vrai bazar. Avant, il appartenait à une entreprise privée qui l’avait complètement rénové et qui faisait bien tourner l’affaire. Mais du jour au lendemain, l’état a décidé qu’il le reprenait. Et depuis, il peut arriver ce genre de chose, assez désagréable, pour ne pas dire insupportable ! A 23h30, on nous a fait évacuer de la grande salle pour rejoindre la queue. Après une heure d’attente et un parcours sinusoïdale à travers les couloirs et les cages d’escaliers de l’établissement, nous avons atteint le bout. Il ne nous restait que quelques mètres, soit une dizaine de personnes devant nous, avant de pouvoir rentrer dans la cabine tant espérée. Un des hommes du téléphérique a demandé en criant si deux personnes pouvaient venir pour remplir au maximum la cabine qui arrivait. C’est alors que j’ai vu Mariana lever la main en criant et m’attraper le bras pour m’emmener sans hésitation droit devant les barrières. Ca y est ! Nous y étions enfin. Epuisée mais heureuse d’être à la ligne d’arrivée (enfin la presque-ligne d’arrivée !). La cabine est arrivée et nous sommes montées en même temps qu’une famille. Tout le monde était content d’être là. Nous redevinions la cime des arbres et une fois que les nuages s’étaient dispersés, nous pûmes retrouver les lumières de la ville. Les degrés montaient aussi petit à petit. Nous avons fini par arriver et descendre de la cabine. Nous avions cette sensation d’être revenues sur la terre ferme ! Nous avons marché jusqu’à la voiture. Il était minuit et demi. Mais le cauchemar n’était pas tout à fait fini… En arrivant à la barrière à la sortie du parking, le gardien est venu à ma fenêtre et a parlé avec Mariana. Le ton a monté et j’ai vu Mariana commencer à s’énerver sérieusement. Depuis mon arrivée, je ne l’avais jamais vu comme ça. Elle qui était toujours si douce et si calme… Là, c’en était trop ! Nous étions épuisées de fatigue et le gardien ne voulait pas nous laisser partir car il fallait que l’on paie la taxe de parking plus cher. Mariana avait payé pour trois heures, pensant que ce serait suffisant. Elle n’aurait jamais imaginé que nous y resterions sept heures ! Elle a bien essayé de lui expliquer que nous n’avions pas le choix et que nous aurions bien aimé redescendre avant, mais rien n’y a fait. On a donc dû aller acheter un autre ticket. Mariana, folle de rage, s’est arrêtée au beau milieu du chemin et s’est rendue au guichet. Elle leur a donné une modique somme en leur disant que c’est tout ce qu’elle avait et en leur faisant bien comprendre qu’elle ne lâcherait rien. Ils ont fini par lui donner le fameux ticket de sorti. Moi, pendant ce temps, j’attendais dans la voiture, au beau milieu du passage, évitant le regard des autres conducteurs furieux, qui devaient monter à cheval sur le trottoir pour pouvoir passer. Mariana a fini par revenir et nous avons fini par sortir ! Nous n’étions qu’à 5 min de chez elle (en effet, on peut voir les cabines de la fenêtre de sa cuisine !). Nous n’avons pas trainé à nous coucher. Et comme je devais prendre mon bus le lendemain à 7h du matin, je décidai de ne partir que le soir, me sentant incapable de me réveiller à 5h du matin !

Vous l’aurez donc compris, si un jour vous allez à Caracas, il est formellement déconseillé de prendre le téléphérique en période de carnaval ! Et je sais maintenant de quoi je parle ! lol ! J

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Téléphérique de Caracas

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